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Cannabis : un faux médicament, une vraie drogueUn article de la revue «Courrier international» (n°988-oct.2009), reproduisant un article du journal «Fortune» révèle l’effondrement des digues édifiées contre la diffusion du cannabis par le pouvoir fédéral américain, sous la pression de lois élaborées par certains états en faveur de l’utilisation thérapeutique de cette drogue. L’application de ces lois présentant le cannabis comme un médicament risque d’en accentuer la pénétration dans la société américaine avec tous les effets délétères qu’on lui connaît. Le même type d’arguments refaisant périodiquement son apparition dans notre pays, l’Académie nationale de médecine renouvelle en les complétant les réserves émises à ce propos à deux reprises, en 1998 et 2006, et en indique les raisons: Pour chacune des activités thérapeutiques alléguées, parfois démontrées, la pharmacopée n’est pas dépourvue de médicaments ayant satisfait aux nombreux et rigoureux critères qui permettent d’accéder à ce statut, développant des propriétés pharmacologiques supérieures à celles du tétrahydrocannabinol (THC). Pour tout médicament, la dose thérapeutique utile doit être connue avec précision. Or, la marijuana (plante du chanvre indien) et le haschich (sa résine) sont des mélanges de nombreuses substances, dont les proportions absolues et relatives peuvent changer considérablement selon la variété, le lieu de culture, le climat, le moment de la récolte. Dans le cas de cannabis fumé, les concentrations en principe actif, THC, sont très variables. Mais surtout, ce qui qualifie un médicament est son rapport bénéfice/risque établi par l’analyse des bienfaits que pourra en retirer le patient, comparés aux risques d’effets secondaires et de toxicité. S’agissant du cannabis/THC, les effets pharmacologiques sont d’une intensité modeste alors que les effets secondaires sont nombreux et très souvent adverses. Les principaux méfaits psychiques consistent en perturbation de la mémoire, de l’éveil, de l’attention; développement au long cours de troubles anxieux, de dépression, de décompensation ou d’aggravation de la schizophrénie; incitation à la consommation d’autres drogues. Par ailleurs, le cannabis accroît les risques d’accidents de la route et du travail et potentialise les effets de l’alcool. Ses principaux méfaits physiques résident dans une dépression de l’immunité, la survenue de cancers broncho-pulmonaires et de la sphère ORL, d’infarctus du myocarde, d’artérites, de pancréatites. En outre, fumer du cannabis au cours de la grossesse est dangereux pour le fœtus. Pour toutes ces raisons, issues de données épidémiologiques documentées, l’Académie nationale de médecine met en garde contre l’utilisation du cannabis en tant que médicament. L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 23 février 2010, a adopté le texte de ce communiqué moins deux abstentions. Le Secrétaire perpétuel, Professeur Jacques-Louis BINET * Membre de l’Académie nationale de médecine
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